Fille d’un marchand de vin, Jeanne Tripier passe son enfance chez sa grand-mère à la campagne. Adulte, elle habite Montmartre, travaille comme vendeuse et élève seule le fils qu’elle a eu d’un Américain. Le spiritisme entre dans sa vie lorsqu’elle a cinquante-huit ans. C’est à cette période qu’apparaissent des signes de détresse psychique. Internée en 1934 pour « psychose chronique, logorrhée et mégalomanie », Jeanne Tripier développe, pendant les dix années de son hospitalisation, une vision du monde qu’elle transcrit dans ses Messages relatant ses voyages interplanétaires, ou ses Missions sur Terre. « Médium de première nécessité, justicière planétaire et réincarnation de Jeanne d’Arc », elle réalise des dessins à l’encre, qu’elle mélange avec de la teinture pour les cheveux, du vernis à ongles ou des médicaments, mais aussi des broderies, l’aiguille constituant pour elle une arme redoutable. Elle lance des imprécations, déclenche des guerres, parle au moyen de codes secrets qu’elle baptise « langage sphérique ».