Né à la Havane Jorge Alberto Cadi, dit « El Buzo » – le plongeur- n’a plus d’autre famille que son frère, atteint comme lui de schizophrénie. Il arpente inlassablement les rues de la ville en quête de ses rebuts, de ses objets déclassés. Depuis plus de vingt ans, il collecte valises, boîtes, photographies et coupures de journaux dont il croise les destins, au propre comme au figuré. Non pas pour les réhabiliter, mais parce qu’il décèle dans ces objets un fort potentiel d’extrapolation, de merveilleuses possibilités narratives. Les photographies restent son matériel de prédilection, quant aux objets, il en colonise toutes les faces, en procédant autant par hybridation que par concrétion, collant ici, découpant là, cousant ceci avec cela. Ainsi, des scènes familiales attendrissantes se transforment en images grotesques, voire sataniques, où les personnages sont privés de leurs visages ou caractérisés par des traits diaboliques. La valise – symbole, à Cuba, du déchirement, de l’errance, des séparations – redevient, pour lui, le lieu des possibles et des retrouvailles inattendues. « Quand tu fermes la valise, tu réunis des personnes qui ne se sont jamais vues. Elles retournent voyager… Parfois dans une autre dimension ». Mais il est aussi question de ce qui a été cousu et s’est décousu, ce qui se reprend. “Nous sommes un peu cousus par le temps.” confie-t-il.
Notice reprise en partie de la biographie établie par la galerie Christian Berst.