Né hors mariage, il a été reconnu par son père sans pourtant jamais vraiment trouver sa place dans une famille vite endeuillée par la mort du dernier en 1929. Sauphar a été élevé par sa mère, artiste. Adolescent, il est atteint de tuberculose et envoyé en sanatorium sous le nom de sa mère – ce qui l’a peut être sauvé de la déportation dont son demi-frère sera victime (son père avait fait un mariage « convenable » après la naissance de Serge). En 1948, à vingt-six ans, il est interné à Ville-Évrard pour un épisode d’errance et de confusion. Il reste six ans dans le service du Dr Dublineau, puis il est transféré à l’hôpital Esquirol à Saint-Maurice dans le service du Pr Baruk auquel succédera le Pr Lantéri-Laura. Il y meurt en 1987 après une hospitalisation ininterrompue au cours de laquelle il fut pour tous ceux qui l’ont approché « le peintre ». Il avait réussi à se créer son propre atelier où il travaillait sans relâche, où il recevait des visiteurs de passage à qui il offrait toujours des œuvres, voire des livres d’art, car il était convaincu que l’art serait la rédemption du monde : il y contribuait à sa façon utilisant ainsi les fonds dont il avait hérité. Des fonds qui lui auraient permis d’aller dans une clinique privée confortable, mais il ne voulait pas quitter l’hôpital. Son œuvre s’inscrit dans la lignée de son père et de son grand-père, tous deux grands collectionneurs, en particulier d’arts asiatiques, et témoigne d’une érudition peu commune. Sa culture littéraire et artistique ne néglige pas non plus de grandes connaissances historiques. Elle est comme entremêlée à son histoire personnelle et à sa quête identitaire.