On ne sait presque rien de la vie de Janko Domsic avant son arrivée en France, dans les années trente, ni des circonstances qui l’y ont amené. Il aurait reçu une éducation élémentaire, connu la prison, vécu à Toul et travaillé à la construction de chemins de fer. À Paris, il vit dans la pauvreté, occupant un bout de couloir d’un modeste immeuble près de la place de Clichy. En conflit avec la Sécurité sociale à propos de sa pension, il reproche aussi à certaines personnes de lui avoir volé ses écrits.
Ses dessins, réalisés au crayon de couleur, au stylo à bille et au feutre, associent des figures géométrisées et des textes, mêlant français, croate et allemand, qui listent des bribes de sa vie, reprennent des extraits de chansons nazies et ont Dieu pour sujet central ; son lexique fait référence à des idées mystiques, au code moral de la franc-maconnerie, mais aussi à l’économie. Des symboles graphiques forts – le pentagramme, le svastika, le symbole du dollar, la faucille et le marteau communistes, la croix orthodoxe – et les rayons venus du ciel structurent une œuvre volontairement codée par son auteur et de laquelle se dégage un sentiment de puissance fascinante autant qu’énigmatique.