PAYSAGE ANTHROPIQUE
Centre d’Art Contemporain – Parc Saint Léger
exposition
23 juin – 27 août
ALICE AYCOCK, JULIAN CHARRIERE, TORIL JOHANNESSEN, ZDENEK KOŠEK, KATIE PATERSON, MARIE VELARDI, RÉMY ZAUGG
« Les œuvres réunies sous le titre « Paysage Anthropique » témoignent d’une attention aux questions contemporaines environnementales mais elles prennent peut-être surtout la mesure de l’impact de l’activité humaine dans la transformation de son milieu. Le titre cite et détourne celui d’une exposition de Robert Smithson, « Paysage Entropique ».La pratique artistique de cette figure clé de l’art contemporain trouve un écho plus ou moins direct dans la plupart des œuvres présentées. Son influence est particulièrement importante pour son apport à l’élargissement du champ de la sculpture — dans les années 1970 — à la nature et au site spécifique, mais surtout pour avoir fait de l’entropie un procédé artistique. En introduisant ce concept issu de la thermodynamique, une fonction qui permet de mesurer la dégradation d’un système et son degré de désordre, Robert Smithson a surtout mis en évidence les effets occasionnés par le temps sur les constructions humaines. Pour lui, le temps parvient un jour ou l’autre à prendre le dessus sur l’édifice, le réduisant à l’état de ruine, soulignant aussi une forme de violence de la nature qui œuvre à la destruction des travaux des hommes pour n’en laisser que des décombres. Pourtant, la nature peut, elle aussi, être victime du désordre et devenir ruine à son tour.
Toutes les œuvres de l’exposition traitent du paysage, de la nature et d’une relation au temps, soit comme un fait objectivé, institutionnalisé ou esthétisé, soit comme un appui à des spéculations futuristes diverses. Si ces pratiques gardent une relation forte avec notre milieu naturel, elles soulignent moins la force supposée de la nature que l’impact de l’activité humaine dans les transformations environnementales. Ainsi, elles semblent prendre acte d’une nouvelle ère géologique, l’Anthropocène, où l’influence humaine aurait le même impact sur l’environnement que les fleuves, les inondations ou les érosions. Son originalité réside dans le fait que cette ère géologique est porteuse de futur, contrairement aux autres périodes définies par les géologues bien après qu’elles soient passées. L’Anthropocène se situe dans notre présent, il détermine le futur et le futur devient intrinsèque à la définition de notre passé géologique avec des croisements de lignes chronologiques incessants. Les œuvres présentées jouent de cette confrontation entre des temps courts de l’action humaine et des temps longs de la géologie, faisant de la projection dans le temps un moyen de relier le passé, le présent et le futur. Dans cette situation, l’homme n’est qu’un élément d’un écosystème en constante évolution et l’état de la Terre est une mémoire de l’avenir.