Sixième enfant d’un menuisier, Carlo Zinelli perd sa mère alors qu’il n’a que deux ans. Il est ensuite envoyé par son père comme garçon de ferme loin de sa famille. À dix-huit ans, il devient apprenti boucher et se prend de passion pour la musique et le dessin. Mobilisé, il ne supporte pas le choc de la guerre. Atteint de délire de persécution, harcelé par des hallucinations, il est interné en 1947 à l’hôpital psychiatrique San Giacomo près de Vérone. C’est là que, dix ans plus tard, le sculpteur écossais Michael Noble et le professeur Mario Marini initient l’expérience d’un atelier d’expression graphique. La vie de Carlo Zinelli est désormais liée à celui-ci où, pendant quatorze ans, il réalise près de trois mille dessins, auxquels il intègre des éléments écrits à partir de 1964. Son oeuvre, comme sa vie, s’organise autour du chiffre quatre — il tourne quatre fois la clé dans la serrure, répète le même mot quatre fois et le corps de ses personnages est régulièrement transpercé par quatre trous. Dérouté par son transfert à l’hôpital Marzana en 1971, il ne peint plus qu’exceptionnellement.