Brillant touche-à-tout (il poursuit des études d’ingénieur, de violoniste, d’architecte et de peintre), Louis Soutter épouse une jeune Américaine avec laquelle il part s’installer en 1897 aux États-Unis et devient directeur du département des Beaux-Arts au Colorado College. Malgré cet apparent succès professionnel, il revient en 1902 en Suisse où, malade et dépressif, il reprend sa carrière musicale. Vingt ans plus tard, sa santé mentale se détériorant, il est prématurément placé dans un hospice pour vieillards, dans le canton de Vaud, où il passe la fin de sa vie. Il y développe une œuvre très différente de son travail antérieur, qui, à partir de 1927, provoque l’intérêt et le soutien de son cousin l’architecte Le Corbusier. Une œuvre importante, qui évolue considérablement, témoignant d’une forme de désapprentissage progressif des acquis et des conventions vers une épure radicale. Les personnages tourmentés, enchevêtrés de la période dite « maniériste » (1930-1935) disparaissent dans ses peintures « au doigt » (1937-1945), au profit de figures épurées, réduites à leur seule trace, d’une intensité extrême, représentant souvent le Christ en croix.