Dès l’âge de 14 ans, Lázaro Antonio Martínez Durán s’intéresse de façon compulsive au dessin. Son père, un ancien fonctionnaire de l’armée cubaine, est un militant communiste. Très tôt sa famille le place dans un atelier pour handicapés mentaux chargé de fabriquer des dépliants – à Cuba, ce type de structure est l’une des rares possibilités d’activité offerte par le gouvernement aux personnes handicapées. Il est d’usage que les journées de travail soient rythmées par la lecture de la presse – une presse intégralement sous contrôle de l’État. Depuis qu’il est tout petit, Martínez Durán se plonge dans ces images du quotidien ou de propagande, les découpe, les compile et les intègre aux téléviseurs qu’il dessine en les collant : celles-ci deviennent l’image diffusée sur l’écran. Martínez Durán est un parfait produit de la propagande communiste, s’émouvant lorsqu’on lui parle des dirigeants révolutionnaires cubains historiques et actuels. Quand il utilise des photographies montrant des magasins qui regorgent de nourriture, il endosse le costume du reporter bien dressé qui rend compte de la vie quotidienne. Sa chaîne de télévision imaginaire, véhiculant les clichés d’un monde qui se veut idéal, révèle en fait un conte de fées.