En 2002, Léon Louis, robuste ardennais au caractère bourru, découvre La « S » Grand Atelier et plus particulièrement la pratique picturale à laquelle il décide aussitôt de s’adonner à temps plein. Sur une feuille de papier fixée au mur, il superpose des coulées de peinture qui, après séchage, transforment la surface en une couche épaisse de matière durcie et rude au toucher. Une rugosité également présente au contact des plaques de bois qu’il grave avec une puissance peu contrôlée lorsqu’il se découvre aussi un intérêt pour l’estampe et les divers procédés d’impression. Le monotype lui apparaît un jour comme une sorte de révélation. Séduit par son remarquable rendu graphique, l’artiste y décèle la possibilité d’explorer une thématique chère à ses yeux : la religion catholique. Animé par une fervente spiritualité mais, surtout, véritable iconodule, il entretient avec l’imagerie pieuse un lien fort, presque mystique, qui transparaît dans son utilisation même de l’image. Il la dédouble, la transforme, la transcende. Sur le visage figé d’un Christ en martyr est apposée une nouvelle figure christique. Émerge alors un personnage saisissant, à la fois sombre et lumineux, en mouvement, comme si nous étions les témoins directs de sa Transfiguration. De ces compositions à la facture brute, saturées de matière, surgissent des détails d’une surprenante finesse. Un rapport au sujet sacré qui témoigne de sa profonde et sincère foi, mais aussi d’un goût prononcé pour le tragique.