Orphelin dès la naissance, Johann Hauser, analphabète, est placé dans un centre pour enfants retardés. Hospitalisé pour la première fois lorsqu’il a dix-sept ans, il est transféré en 1949 à l’hôpital psychiatrique de Gugging, où il est diagnostiqué schizophrène. Il y manifeste très vite un goût pour le dessin, encouragé par le docteur Navratil, et rejoint la Maison des artistes. Usant surtout de crayons de couleur, il sature la feuille et dessine en une palette franche et vive — principalement des femmes qui affirment leur féminité et leur sexe : des « femmes canons », guerrières chargées d’érotisme. Il affectionne aussi les engins volants et toutes sortes d’objets du quotidien. Dans ses périodes maniaques, nous dit Navratil, il a tendance à tout grossir, agrandir, multiplier, accentuer, embellir, alors que les dessins des périodes dépressives sont plus sobres et petits, comportant un haut degré d’abstraction.