La mère de Madge Gill cache longtemps l’existence de cette enfant illégitime avant de la placer dans un orphelinat à l’âge de neuf ans. En 1903, devenue infirmière, Madge Gill vit chez sa tante, qui l’initie au spiritisme et à l’astrologie. Quatre ans plus tard, elle se marie. Sa vie est alors régulièrement endeuillée par les disparitions successives de plusieurs enfants. En 1918, elle tombe malade, reste alitée quelques mois et perd l’usage de son œil gauche. Le dessin et le contact avec « Myrninerest » – l’esprit qui la guide et lui inspire écrits, dessins et improvisations pianistiques – occupent dès lors toute sa vie. Travaillant la nuit, à la bougie, elle réalise des milliers de dessins, dont la taille peut varier de quelques centimètres à plus de onze mètres pour les plus longs (sur de grands draps). Elle est l’unique sujet de ses représentations, ne montrant de son corps qu’un visage éternellement répété, à l’intérieur de labyrinthes constitués de motifs architecturaux et abstraits. Un nouveau deuil, en 1958, la fait sombrer dans l’alcool, et elle cesse totalement de dessiner. Ayant toujours refusé de vendre ses œuvres, ce n’est qu’après sa mort qu’on découvre chez elle des piles de dessins rangées dans les placards ou sous les lits.