CORBAZ aloïse

1886 . lausanne . suisse

1964 . asile de la rosière . gimel-sur-morges . suisse

CORBAZ.Aloïse.R-V.1908

CORBAZ.Aloïse.1291.partie 1 CORBAZ.Aloïse.1291.partie 2 CORBAZ.Aloïse.1291.partie 3 CORBAZ.Aloïse.R-V.0063.R CORBAZ.Aloïse.R-V.0119

Aloïse a onze ans lors du décès de sa mère. Bachelière en 1906, elle vit une aventure sentimentale avec un étudiant — une relation à laquelle sa sœur met violemment fin — et rêve de devenir cantatrice. Expatriée en Allemagne en 1911, elle y travaille comme institutrice, puis comme gouvernante, notamment à Potsdam à la cour de l’empereur Guillaume II, dont elle s’éprend passionnément. Des troubles psychiques se font jour lorsqu’elle a vingt-sept ans, et la déclaration de guerre l’oblige à revenir en Suisse. Hospitalisée à partir de 1918, elle devient pensionnaire de l’asile de la Rosière de 1920 jusqu’à sa mort. Si, durant les premières années de son internement, elle s’isole et a des accès de violence occasionnels, elle s’adapte progressivement à la vie hospitalière. Dès son arrivée à La Rosière, elle se met à écrire et à dessiner en cachette – cette première production est presque intégralement détruite. C’est seulement à partir de 1936 que le directeur de l’hôpital et son médecin généraliste commencent à s’intéresser à ses travaux.

Aloïse dessine sur le recto et le verso de chaque feuille de papier, le plus souvent avec des crayons de couleur et des craies grasses, mais aussi parfois avec du suc de pétales ou du dentifrice, un flot de personnages aux yeux bleus. Pour obtenir de plus grands formats (certains atteignent plus de dix mètres), elle coud entre elles plusieurs feuilles à l’aide de fils de laine.

Aloïse affirme avoir été frappée par une mort symbolique, consommant sa rupture avec le « monde naturel ancien d’autrefois ». « Boue noire » définitivement trépassée, elle renaît pour devenir la grande ordonnatrice d’une œuvre peuplée de fleurs, de rois, de reines, de princes et princesses voluptueuses, de gâteaux et de cirques, de célèbres et légendaires histoires d’amour. Une immense galerie de portraits tout à la fois somptueux et fantomatiques, de masques foisonnants et inexpressifs.