À l’âge de 13 ans, Felix Brenner quitte l’école et fuit sa famille issue de la petite bourgeoisie. Sa vie mouvementée le conduit à une existence en marge : membre de la scène alternative bâloise, il se drogue, refuse de faire son service militaire et va en prison. Après ces épisodes douloureux, il semble trouver sa voie et intègre en 1980 la Kunstgewerbeschule, école d’art de Bâle. Il reçoit une bourse et une résidence en atelier à New York, couronnées d’une exposition à l’Institut suisse. Rattrapé par ses démons, Brenner fait plusieurs séjours en hôpital psychiatrique. Semblant à nouveau reprendre pied, il fonde en 1987 un mouvement artistique et politique : le « Blauer Planet ». Il s’installe ensuite dans le Jura et fonde un atelier d’art tout en menant des recherches en ethnobotanique. Pourtant, un jour, il brûle toute sa production artistique puis s’exile en Hollande. De retour en Suisse, il se fixe à Altnau, soutenu par d’anciens compagnons. Il travaille aujourd’hui essentiellement la lithographie et la gravure à partir de documents photographiques. Brenner a mis au point une technique originale combinant la lithographie, inventée au xviiie siècle, et la photographie digitale. Avec un appareil numérique, il crée des images qu’il traite à l’aide d’un logiciel simple d’utilisation, et les imprime sur un rhodoïd. Dans un second temps, il applique sur la pierre calcaire un produit qui la rend photosensible. Il y dépose le rhodoïd qu’il expose ainsi à la lumière comme on le ferait avec un papier photographique : cette opération fixe l’image sur la pierre. Brenner rehausse sa photographie de nombreux éléments colorés plus ou moins décoratifs, avant de procéder au tirage lithographique ; puis, dérogeant à la règle, il numérote chaque épreuve au gré de sa fantaisie. Il se sert régulièrement d’autoportraits.