Enfant, Charles Boussion est abandonné par sa mère, une aristocrate liée à la couronne d’Espagne ; son père a depuis longtemps disparu du cadre familial. Devenu jeune adulte, il adhère aux mouvements zazous et, fidèle à sa soif de liberté, entre en résistance pendant la guerre. En 1946, il se marie avec Bernadette Morelon de Beaulieu, jeune beauté de 18 ans, dont il aura une fille, Marie-Hélène. Après un premier emploi, il devient représentant des parfums L.T. Piver. À la suite d’un grave accident de voiture, il sombre dans la dépression. Soutenu par son épouse, il entame alors une œuvre artistique où se mêlent influences orientales, débordements baroques et religiosité russe – enfant, il fréquentait les milieux russes exilés. Boussion traite ses sujets comme des icônes. « L’ornement, nous dit-il, n’est pas un accessoire, mais une attention et une politesse. Quelque chose qui s’apparente à une prière… » Bernadette est sa muse, son modèle, qu’il reproduit à l’infini grâce aux photocopies de photographies de l’album familial. Elle est tour à tour madone, Vierge à l’Enfant, pin-up métisse ou noire mais étonnement jamais blanche. Si la photo employée est presque toujours la même, les motifs qui l’entourent et la décorent sont tous différents. La plupart de ces compositions comporte au dos des textes manuscrits, poétiques ou mémoriels, et le surnom de Boussion, « Cako », fait partie intégrante de sa signature. Plus de trois mille œuvres ont été réunies par le collectionneur et galeriste Pascal Saumade.