Né en Catalogne, Joaquim Vicens Gironella devient artisan bouchonnier comme tous ceux de sa famille. Dès son adolescence, il publie dans la presse locale des articles et des poèmes célébrant les qualités des chênes-lièges. Il s’essaye aussi à l’écriture de pièces de théâtre et de romans. En 1936, anti-fasciste, il rejoint l’armée républicaine et dirige l’hebdomadaire de front L’Unité militaire. La victoire des franquistes l’oblige à partir en février 1939 pour la France, où il se retrouve interné pendant plus d’un an au camp de Bram, dans l’Aude. Après sa libération, Joaquim Gironella s’installe à Toulouse, intègre une usine de bouchons, se marie avec une compatriote exilée. Vers 1941, il commence à sculpter l’argile, puis la matière qu’il préfère : le liège. L’administrateur de l’usine, René Lajus, s’intéresse à son travail et lui demande de lui prêter quelques sculptures pour son bureau parisien. En 1948, Jean Dubuffet, qui était encore marchand de vin, vient passer une commande à René Lajus. Il tombe amoureux de cette œuvre et organise une exposition au Foyer de l’Art Brut. Joaquim Gironella transforme progressivement sa technique de travail, créant surtout des panneaux muraux, inspirés très librement de thèmes liés à sa Catalogne natale, à l’art musulman, mais aussi à des représentations médiévales. En 1990, il publie un livre en catalan dédié à la célébration du liège, Exaltatió del suro, qui contient ses poèmes et ses illustrations et qui est intégralement réalisé dans cette matière.