Né sous X, Yves d’Anglefort est adopté par une famille de Grenoble. Il connaît une enfance chaotique due à la mort de son père adoptif en 1965 et à des conflits avec sa mère adoptive. Placé dans divers pensionnats où il subit des violences, il quitte l’école en fin de troisième. Sa vie est mouvementée : il passe trois années d’errance et de petits boulots en Californie, où il crée des dizaines de dessins, tous disparus, puis retourne en France où il devient laveur de vitres. Marié en 1981, il divorce un an plus tard, devenu entretemps père d’un garçon qui se suicidera jeune. Il vit d’autres années d’instabilité, dessinant toujours un peu, se remarie, divorce à nouveau, effectue un court séjour en prison préventive.
C’est à la suite de ce passage en milieu carcéral qu’Yves d’Anglefort commence à peindre en 1989, empruntant son nom à une arrière-grand-mère. Il quitte Grenoble en 1992 pour la Guadeloupe où il vit chichement et dessine en cachette. Père d’un autre enfant mais séparé de sa compagne en 2003, il revient en France s’installer à Meylan, avec son second fils, qu’il élève seul. Il est alors diagnostiqué personnalité bipolaire, associable et perturbée – handicap reconnu par l’État. Depuis, il continue dans l’isolement de produire son œuvre, dont le style personnel et le système d’écriture se sont affirmés à partir de 2011.